- I - L’ascension Des pentes de rochers et des élans de glaces surplombaient un abîme vertigineux. Je détournai mon regard, et repris mon ascension. « Yann, il te reste 200 mètres, à peine 200 mètres ! » Mon esprit s’accrochait à cet ultime objectif, tout mon corps, martyrisé par le manque d’oxygène et par un froid mordant, était tendu vers ce but, depuis si longtemps rêvé. Après une heure de combat contre la montagne et une insoutenable fatigue, j’eus enfin le sommet sous mes pieds. Derrière mes lunettes de hautes montagnes, perlaient quelques larmes de bonheur. Je venais de gravir, seul, les 7_782 mètres du Namcha Barwa. Les bras levés, je criai ma fierté au vide que je surplombais. Mais l’exultation fut de courte durée tant l’épuisement procuré par le moindre mouvement était décuplé à cette altitude. La joie brute fit alors place à un bonheur serein et entier. Un énorme sourire éclairait mon visage alors que j’admirais le panorama. Comme en récompense à mon exploit, s’offrit alors à mes yeux embués, un des plus beaux spectacles qu’il m’eut été donné de contempler. 

La Somme de tous les êtres - Convergence
Début du premier chapitre - Copier

 I Point de vue Des ruissellements de lumière et des élans de métal forgeaient l’image de ce géant des villes. À son sommet, un projecteur éclairait la nuit en tournant, tel un phare, au milieu du ressac des immeubles et de leur écume scintillante. « Allez, Hugo ! Encore un effort et tu y es ! Plus que quelques marches ! » Je ne sais pas ce qui m’avait pris de vouloir gravir à pied ce monument haut de plus de trois cents mètres. L’adrénaline de la victoire, l’envie de me sentir libre et vivant, peut-être ? En tout cas, les mille six cent soixante-cinq marches de l’édifice m’avaient calmé, et à l’arrivée, sur la plateforme du troisième étage, je pris un temps de récupération avant de plonger mon regard vers les profondeurs où miroitait l’âme de Paris. Depuis ce point de vue, on ne remarquait rien de spécial, toutes les lumières des monuments emblématiques de cette capitale de la mode et du luxe étaient présentes. Ici, on voyait l’Arc de Triomphe, voulu par Napoléon, là-bas, le Palais du Louvre, qui hébergeait le plus grand musée du monde, plus loin, La Défense, le centre d’affaires de Paris, qui brillait de toutes ses tours, et toute proche, la Seine, filet noir serpentant au sein de la cité, qui se distinguait par ses ponts scintillants qui la traversaient comme des barrettes dorées. Mais malgré ce semblant de vie, mon regard affûté et observateur pouvait remarquer qu’aucune lumière mobile ne troublait l’ordre visuel de ce tableau figé, et mon ouïe fine et connaisseuse, que pas un bruit autre que le vent ne parvenait à emplir l’espace sonore de la ville. Les sempiternelles files de voitures aux phares éblouissants n’encombraient plus les rues de la cité, et seuls les lampadaires éclairaient la surface bitumée des voies. 

"La somme de tous les êtres - Tant que rien ne s'écroule"
Début du chapitre 1

 La fête « Oyez ! Oyez ! Braves gens. Notre bon Roi d’Asphène convie tous les histrions, conteurs, ménestrels et troubadours à venir distribuer la joie, l’allégresse et l’enchantement en son château d’Urfé à l’occasion de la prestigieuse fête célébrant le Nouvel An. Comme il est d’usage, le conteur ou le trouvère qui ravira le Roi et ses invités sera récompensé par l’accomplissement de son vœu le plus cher. Mais, comme vous le savez, notre bon Roi Ode souffre d’un mal incurable qui le fait dépérir de jour en jour. Cette fête sera donc l’occasion pour les mages et magiciens d’exercer leurs talents de guérisseur sur le premier homme du royaume. Celui qui parviendra à rendre la santé à notre bon Roi Ode recevra en récompense la main de la princesse Iris, sa fille. Belle parmi les belles. Qu’on se le dise ! » Et le dernier jour de l’année arriva. La déclaration du Roi avait fait le tour du royaume, et les participants ainsi que les spectateurs affluaient vers le château d’Urfé. À l’intérieur, c’était l’effervescence, et tout le monde faisait ses préparatifs, excepté le Roi. Il était assis sur une chaise, dans sa chambre, perdu dans la profondeur de ses pensées, et au vu de son visage, celles-ci devaient être sombres. Soudain, sa fille Iris entra. — Père ! Voyons, il est temps de vous préparer. Dans à peine trois heures, la fête commence. Ode leva la tête. — Tu n’aurais jamais dû faire ça, Iris. On aurait pu donner de l’argent en récompense, des troupeaux, un vœu à exaucer. Pourquoi as-tu fait cela ? — Mais je te l’ai déjà dit. Il n’y a presque plus rien dans les coffres depuis que tu es malade, tout le monde le sait. Et puis des vœux il y en a chaque année. Et avec un vœu, personne n’aurait osé demander ma main, que tu aurais d’ailleurs refusé de donner. Tandis qu’avec cette récompense, la certitude d’épouser la première Dame du royaume, si l’on ne te guérit pas, alors il n’y aura plus rien à faire. — Mais, Iris. Et ton amour pour le Prince Arnold. Tu ne peux l’abandonner ! Tu ne peux faire fi de ton cœur ! — J’ai beaucoup de sympathies pour le prince, mais il n’est pas l’élu de mon cœur, j’attends toujours l’homme de mes rêves. Et puis, Père ! je t’aime plus que tout au monde. Et Iris déposa un baiser sur le front de son père où deux fines entailles, laissées par l’usage de la couronne, vieillissaient un peu plus ce visage déjà bien ridé. Dépêche-toi, père, je t’envoie Ilda pour t’aider à te parer de tes atours. Et Iris sortit. 

Deimos
Début du chapitre 1
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