La fête
« Oyez ! Oyez ! Braves gens. Notre bon Roi d’Asphène convie tous les histrions, conteurs, ménestrels et troubadours à venir distribuer la joie, l’allégresse et l’enchantement en son château d’Urfé à l’occasion de la prestigieuse fête célébrant le Nouvel An.
Comme il est d’usage, le conteur ou le trouvère qui ravira le Roi et ses invités sera récompensé par l’accomplissement de son vœu le plus cher.
Mais, comme vous le savez, notre bon Roi Ode souffre d’un mal incurable qui le fait dépérir de jour en jour. Cette fête sera donc l’occasion pour les mages et magiciens d’exercer leurs talents de guérisseur sur le premier homme du royaume.
Celui qui parviendra à rendre la santé à notre bon Roi Ode recevra en récompense la main de la princesse Iris, sa fille. Belle parmi les belles.
Qu’on se le dise ! »
Et le dernier jour de l’année arriva.
La déclaration du Roi avait fait le tour du royaume, et les participants ainsi que les spectateurs affluaient vers le château d’Urfé.
À l’intérieur, c’était l’effervescence, et tout le monde faisait ses préparatifs, excepté le Roi. Il était assis sur une chaise, dans sa chambre, perdu dans la profondeur de ses pensées, et au vu de son visage, celles-ci devaient être sombres.
Soudain, sa fille Iris entra.
— Père ! Voyons, il est temps de vous préparer. Dans à peine trois heures, la fête commence.
Ode leva la tête.
— Tu n’aurais jamais dû faire ça, Iris. On aurait pu donner de l’argent en récompense, des troupeaux, un vœu à exaucer. Pourquoi as-tu fait cela ?
— Mais je te l’ai déjà dit. Il n’y a presque plus rien dans les coffres depuis que tu es malade, tout le monde le sait. Et puis des vœux il y en a chaque année. Et avec un vœu, personne n’aurait osé demander ma main, que tu aurais d’ailleurs refusé de donner. Tandis qu’avec cette récompense, la certitude d’épouser la première Dame du royaume, si l’on ne te guérit pas, alors il n’y aura plus rien à faire.
— Mais, Iris. Et ton amour pour le Prince Arnold. Tu ne peux l’abandonner ! Tu ne peux faire fi de ton cœur !
— J’ai beaucoup de sympathies pour le prince, mais il n’est pas l’élu de mon cœur, j’attends toujours l’homme de mes rêves. Et puis, Père ! je t’aime plus que tout au monde. Et Iris déposa un baiser sur le front de son père où deux fines entailles, laissées par l’usage de la couronne, vieillissaient un peu plus ce visage déjà bien ridé.
Dépêche-toi, père, je t’envoie Ilda pour t’aider à te parer de tes atours.
Et Iris sortit.
DeimosDébut du chapitre 1